Êtes-vous plutôt du matin ou plutôt du soir ?
Une question banale mais essentielle, car elle en dit long sur l’importance des rythmes biologiques. Ces rythmes sont à la fois personnels (chacun en a un spécifique) et universels.
- Les chercheurs ont ainsi découvert que nous stockions les calories à partir de 18 heures.
- A l’inverse, tout ce que nous ingérons entre 6 et 11 heures est aisément métabolisé (donc éliminé).
La chrononutrition, aussi appelée chronobiologie nutritionnelle, s’appuie sur ce type de constat pour proposer un programme alimentaire.
La recherche scientifique permet en effet d’établir très précisément quel type d’aliment on peut manger à tel ou tel moment de la journée, sans prise de poids et pour une assimilation optimale. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut manger de tout. Oui, même du chocolat et de la charcuterie !
Les seuls éléments bannis d’un programme de chronobiologie nutritionnelle sont le lait et ses dérivés (yaourts, crèmes…). Une tartine beurrée et du fromage ne pose aucun problème, tant qu’on n’en avale pas des kilos.
Il ne s’agit toutefois pas seulement d’un programme minceur : la chrononutrition s’adresse à tout le monde, que l’on cherche à grossir, à maigrir, ou simplement à rester en bonne santé. Elle est un moyen assez simple d’atteindre ou conserver un poids de forme, tout en bénéficiant au maximum des nutriments des aliments.
Une approche éminemment scientifique
Les conseils nutritionnels sont le plus souvent le fait de nutritionnistes ou diététiciens, qui connaissent par exemple l’index glycémique des aliments et leur apport calorique. Mais un aliment, c’est bien plus que des calories : ce sont aussi des minéraux, des oligoéléments, des vitamines…
C’est pourquoi l’approche d’un professeur de pharmacologie clinique, neurobiologiste et expert en micronutrition, s’avère bien plus fine et précise en la matière. C’est le cas du Pr Jean-Robert Rapin, décédé en 2013. Avec le nutritionniste Alain Delbos, c’est lui qui, le premier, a conçu la méthode de chronobiologie nutritionnelle.
Le Pr Rapin est parti du constat que, malgré notre technologie avancée et nos chansons à la mode, nous en étions restés à l’âge des cavernes sur le plan physiologique.
« Il y a encore en nous une programmation qui obéit aux rythmes anciens et qui régit les sécrétions destinées à assimiler certaines choses à certaines heures plutôt qu’à d’autres »
confie son élève J.R Mestre, expert en nutrition et docteur en pharmacie.
L’adage populaire le confirme :
« Mange comme un roi le matin, comme un prince à midi, comme un mendiant le soir ».
La chrononutrition, ou comment se caler sur ses hormones
Par ailleurs, l’influence majeure des hormones est prise en compte en chrononutrition. Cortisol, insuline et hormone de croissance règlent la danse.
Le fait d’avoir faim correspond en effet à des pics de cortisol, suivis d’une production d’insuline puis d’une légère hypoglycémie.
Ces pics interviennent normalement à 5h, 8h, 12h, 17h, 21h. Tiens, comme c’est étrange, justement les moments où nous avons le plus envie de manger !
Mais après son dernier pic, le cortisol se met au repos pour laisser la place à l’hormone de croissance, celle qui aide les enfants à grandir et, plus tard, nos cellules à se régénérer. Sauf en cas de stress chronique : il carbure toute la nuit, accompagnée d’insuline.
Et si l’on a eu la bonne idée d’ingurgiter un paquet de gâteaux durant la soirée (des glucides), alors la lipolyse (dégradations des graisses) est anéantie.
La chrononutrition a ceci de merveilleux qu’elle ne fustige pas le fait d’avoir dévoré un paquet de gâteaux, mais de l’avoir fait après 18h. On culpabilise tout de suite beaucoup moins. Cela dit, le paquet de gâteaux en entier demeure tout de même une hérésie nutritionnelle !
La chrononutrition prend en compte la globalité de l’individu, pas seulement son assiette. Elle invite donc à réduire les facteurs de stress par une démarche de relaxation, par exemple, pour éviter la production de cortisol durant la nuit.
Elle tient compte également des capacités d’assimilation de chaque personne, et des apports en minéraux et oligoéléments, essentiels pour réguler l’ensemble.
La chrononutrition sur une journée
Le petit-déjeuner :
Copieux, plein de glucides à index glycémique bas et de protéines. Œuf, beurre, fromage, pain complet, jambon ou filet de dinde ou de poulet. Pantagruélique !
Seule recommandation : éviter les jus de fruits industriels.
Le déjeuner :
Des protéines d’abord (poissons, viande, protéines végétales) qui calent l’estomac, des légumes crus (crudités) ou cuits, un peu de féculents à index glycémique bas (le riz complet par exemple). Huile de colza ou d’olive pour l’assaisonnement des salades et la cuisson.
On peut prendre un dessert s’il n’est pas sucré.
Le goûter :
Retomber en enfance le temps d’un goûter ne saurait se refuser. La règle est de le prendre avant 18h. Il ne faut pas le confondre avec l’apéritif ! Quelques noix (non salées), un fruit frais ou une poignée de fruits secs, quelques carrés de chocolat noir…
Interdiction de passer outre cette collation : elle permet de ne pas trop manger le soir.
Le dîner :
Léger, il est source de fibres : soupe, crudités ou légumes cuits. On y ajoute des protéines maigres (poisson, viande blanche, fruits de mer…). Et c’est tout !
Aucun glucide n’est toléré : pas de pain, pas de féculents, et encore moins de sucres rapides !
Mais rassurez-vous, le programme tient compte de notre gourmandise : deux fois par semaine, on peut faire un repas où tout est permis, y compris le petit verre de vin qui fait du bien.